Si la menace de l’arrivée de la Charte
des valeurs québécoises (ou plutôt la Charte de la discrimination) a récemment
réveillé un conflit inutile sur le port du voile et autre signes ostentatoires,
elle a aussi réveillé le mouvement des Janettes et de plusieurs autres
féministes clamant que le hijab compromet la liberté de la femme et la montre
comme inférieure à l’homme. Toutefois, même s’il est vrai que certaines femmes
peuvent être dominées par la religion, il reste que de nombreuses autres femmes
ont choisi de porter fièrement le voile.
Alors que certaines portent le voile par
obligation, vu leur propre religion, celle de leur famille ou de leur pays, d’autres
ont bel et bien décidé de porter le hijab par choix. Contrairement à ce que
plusieurs croient, porter le voile n’est pas à la base un signe d’obéissance
aux hommes mais plutôt comme signe d’obéissance à leur créateur (il n’est pas
ici question de débattre sur la croyance en une religion mais plutôt sur le
port du voile). Mais cela ne s’arrête pas là, plus qu’une question d’appartenance
à une religion, les femmes portent également le voile afin de signifier qu’elles
ne sont pas des objets sexuels servant simplement à plaire au regard des hommes
et qu`elles cherchent plutôt un prétendant sérieux qui l’appréciera pour sa
personnalité et non seulement son physique. Porter le voile est pour elles un
signe de modestie, qui mérite le respect et indique qu’un prétendant manquant
de sérieux n’a pas intérêt à les approcher car elles recherchent plus que cela.
Ce que plusieurs femmes ont pu remarquer lorsqu’elles ont commencé à porter le
voile est notamment le regard des hommes qui ne les voient (normalement) plus comme un objet agréable à la vue, ce qui
les sauve de plusieurs commentaires déplacées dont peuvent être victimes d’autres
femmes.
Porter des minijupes ou des décolletés
peut tout autant être un signe d’oppression que le voile. Il n’est pas mieux d’être
esclave du désir des hommes en leur montrant ce qu’ils veulent voir ou en se
cachant pour éviter de les provoquer. Ce qui compte c’est d’avoir le choix de
faire ce que nous voulons de notre corps sans être imposées à quoi que ce soit.
Comme le dit Amber Rehman, une femme voilée et féministe :
« As I became a teenager, I struggled
with trying to fit in, because though I was a little feminist at heart, I was
still a girl. I had the desire to be pretty, a desire to be liked for my
looks. I tried very hard for many years, but I always wondered why girls had to
wear less clothing to be attractive while men looked their finest in a three
piece suit. »[1]
Porter le voile est pour elle une façon
de respecter les femmes en refusant de se conformer au modèle de « beauté »
parfait et sexualisé des femmes que l’on voit dans les médias. C’est une façon
de savoir être belle de façon plus modeste et de se faire apprécié pour ce qu’on
est à l’intérieur.
Être féministe, c’est se battre pour le
droit des femmes, pour qu’elles soient égales aux hommes, qu’elles soient
libres de faire leurs propres choix, vivre leur propre vie et celles qui
imposent une « bonne » façon de vivre aux femmes en leur disant qu’elles
ne devraient pas porter le voile représentent plutôt le contraire du féminisme.
Si les femmes peuvent choisir de porter le pantalon ou d’être sexy, elles
doivent aussi avoir le choix de porter le voile si elles le désirent afin de
pouvoir se considérer comme étant véritablement libres.
De cette façon, que l’on soit nues ou
trop habillées, l’important est que cela
soit par choix. Si l’on réagit souvent à celles que l’on dit opprimées par leur
voile, on devrait peut-être surtout réagir également à la façon dont les femmes
se sexualisent pour les mauvaises raisons. Parce que ce qui est le plus
important n’est pas ce qui se trouve sur nos têtes, mais plutôt ce qui se
trouve à l’intérieur.
Question commentaires :
Sommes-nous
réellement plus libres à moitié nues que voilées?
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